Xénio RÉJON

“Janbé wòch”

par Xénio RÉJON

Cette exposition rassemble les images de paysages issues de plusieurs séries. 

C’est une exploration de l’univers naturel et de la relation que j’établis avec lui. C’est grâce aux ressources sensorielles bien plus que de conception, de projection, que j’y accède de manière très intuitive. La lumière et ses manifestations servent de symboles et de révélateurs là où la question du sens cède volontiers la place à celle des sens… 

La série “Savann“ renvoie tout à la fois aux lieux physiques, lieux de reconquête des espaces naturels, qu’aux espaces mentaux et spirituels de marronnage… C’est tout à la fois le type de paysage, que l’esprit dans lequel on se projette en déambulant dans ces lieux. À l’instar du “Non Savann“ qui, par la diversion opérée, nous protège de malveillances éventuelles, je me retrouve ici dans un espace de liberté où corps et esprit se vivent dans des aventures non programmées…  

La série “Origines“ nous ramène à l’élément fondamental où le cycle de la vie fait sens. C’est dans cette même approche intuitive que l’eau, sous ses formes diverses, a toujours eu une part importante dans mes images. Pour ses qualités plastiques, photogéniques, bien entendu, mais aussi et grandement pour sa relation avec l’âme et ses voyages… Si je distingue ici la série “Marines“ alors qu’elle en est l’une des formes possibles, c’est simplement pour l’énergie particulière qui s’y dessine et la manière singulière de jouer avec les différents jours. Mon intérêt pour la photographie du XIXe siècle s’y ressent par endroit. 

Dans la série “Anba Bwa“, le corps et l’esprit sont différemment éprouvés… C’est le plus souvent en solitaire que l’alchimie opère. Il me faut donc jouer de prudence, et la liberté du marron (de mon quotidien, de cette société… pour le coup) est souvent doublée du sentiment d’humilité et de gratitude… L’on retrouvera dans cette série moins de clairs/obscurs, moins de violence dans les contrastes ; La sérénité préside à l’acte. 

La photographie est pour moi, comme son nom l’indique, une manière de dessiner. Tous les éléments constitutifs de l’image seront donc au service de cette graphie. Ainsi, les câbles de la série “Kod Nanm“ renvoient à des souvenirs d’enfant. Il me paraissait alors que, progressivement, nous serions étouffés par la multiplication de ces câbles qui progressaient continuellement. Si aujourd’hui ils sont le plus souvent sous terrains, ils sont remplacés par la toile virtuelle encore plus envahissante, et cette société en décalage… Les contrastes de cette série sont du coup beaucoup plus agressifs… 

Le jeu de mots avec le dicton “Sé kod yanm ka maré yanm“ indique la perte de nous-même dans cette quête d’une certaine idée du progrès…

Ce titre “JANBÉ WOCH“, fait écho à la chanson de CALI “Monté Lariviè“ : Tous ces espaces de déambulation et bien d’autres encore, sont autant de roches à gravir pour atteindre, dans un cheminement méditatif, dans une sorte d’introspection en action, ma propre source…